Vendredi 24 février 2023
Madère - Toulon
C’était génial ce matin. Je suis sorti voir si tout allait bien et un groupe de dauphins était là à jouer autour du bateau. J’avais rien vu depuis le début mais là, j’ai été servi. Ils étaient des dizaines pour ne pas dire plus. Ils venaient jouer avec l’étrave, repartaient on ne sait où et revenaient, ou alors c’était d’autres…peut-être. Ils sont restés tellement longtemps. Comme j’avais pas de rendez-vous aujourd’hui, je suis resté avec eux pour papoter. Ça faisait longtemps et on avait des choses à se raconter. Ce qui me frappe chez ces amis, c’est qu’ils sont toujours de joyeux joueurs, et tellement beaux. On s’est raconté des histoires et des blagues. A chaque fois, ils ne faisaient pas surface uniquement pour respirer, ils faisaient des bons carrément. Alors on s’est donné rendez-vous cette fois, pas de blague. Ils m’ont expliqués que j’aurai d’autres visites. Ah bon ! La première, c’était cet après-midi avec une baleine. Après avoir ramassé un bidon ayant contenu de l’essence, on se demande un peu… j’ai observé une masse noire bizarre à la surface. Tellement importante que je me suis dis que j’avais de la chance de ne pas être rentré dedans. Et un instant plus tard, je voyais le geyser caractéristique. Elle devait roupiller celle-ci car ça n’avançait guère. J’ai suivi ça de loin et des dauphins lui tournaient autour. Ce serait pas des orques par hasard, en train de la dévorer ? Mais non, la nageoire des orques est bien particulière. Une heure après, les dauphins se pointaient à nouveau. Alors c’était sympa cette visite ? Ben oui, dommage on était un peu loin. Alors c’est qui les suivants ? Tu devrais rencontrer des tortues. Il y en a plein dans le quartier. Et des poissons lune aussi. Allez bonne soirée. Nous on va chasser pour le dîner. Ok à demain. Oui à demain, tchao. Voilà à quoi on s’occupe quand on ramène un voilier qui transporte du poivre au 22ème jour…
Jeudi 23 février 2023
Madère - Toulon
Une bonne journée ce jeudi. Ce matin c’était calme, on avançait doucement et le vent forcit. J’avais bien vu cette masse nuageuse devant nous. Alors une fois de plus, le scénario va se dérouler…renforcement du vent, rotation avec pluie et baisse du vent avec retour des conditions d’avant… nan nan nan. Le vent se renforce dans la bonne direction et franchement en plus, avec plus de 20 nds qui tient bon. Trop bien ça, vitesse stable autour des 7 à 8 nds toute la matinée et même au-delà. Ça faisait longtemps qu’on avait pas avancé comme ça. Et les cargos qui apparaissent de tous les côtés. Il va falloir traverser leur route qui concerne Gibraltar au loin. Eh bien, on y va. Depuis une expérience malheureuse de filet pris dans l’hélice de notre voilier familial le long des côtes marocaines, j’ai décidé que je n’y mettrai plus jamais les pieds. Alors ça veut dire que venant du sud-ouest, on vise le nord du détroit. Autrement dit, on vise et on ferme les yeux… un peu comme sur un vélo quand il faut traverser une 4 voies passante… on ferme les yeux et on y va non ? On suit notre cap et les cargos tous aussi monstrueux les uns que les autres passent de tous les côtés. Ils changent parfois leur cap, je veille mais ne cède jamais à changer ma route. Tant qu’on est pas dans le détroit, le voilier est prioritaire. Même et surtout si le cargo est moche, sale, en ferraille et qu’il pue. La seule fois où je me suis dérouté est lorsque le cargo était arrêté. Il y en a beaucoup comme ça dans les parages sans être à l’ancre. Ils attendent. Ce qui m’agace c’est qu’ils s’appellent evergreen par exemple et de couleur verte en plus. C’est de la provocation en matière de greenwashing je trouve. L’un mesure 335 mètres de long sur 51 de large ou mieux, 400 mètres sur 59. Vous imaginez l’engin ? Bon, et l’évènement du jour c’est qu’à 16h15, nous passions au sud du phare de Tarifa pointe sud espagnole qui marque l’entrée en Méditerranée. L’après-midi se déroule tranquillement au nord du rail qui est réservé aux cargos avec un vent portant tout du long. L’approche de Gibraltar est coton avec un nombre incalculable de cargos qui entrent et qui sortent, qui vont et qui viennent… heureusement que l’AIS veille pour moi et me signale tous les tocards du secteur. Pour se faire, j’ai programmé une alarme au son d’une sirène de cargo justement. La nuit dernière, elle m’a réveillé sans problème. J’ai même installé un haut-parleur au cas où je dormirais trop profondément. Je suis content d’être là, sans avoir fait forcer le bateau. Tout va bien à bord. Le peu de vent prévu à suivre est déjà contredit par la situation. Tant mieux et on en profite, même si on a retrouvé les vitesses habituelles, 4 à 5 nds. Je vous souhaite le meilleur et vous embrasse, Jean-Guillem 3606N 0504 W cap 80 vitesse 4,5
Mercredi 22 février 2023
Madère - Toulon
Ça fait 20 jours que j'ai quitté Mindelo au Cap Vert. Ce qui est certain, c'est que je me souviendrai de ce chrono. On est à moins de 100 milles/jour. En condition normale, ce bateau est capable d'en faire 300 et même plus. Un voilier challenger scout (7,2 mètres des années 70) bien connu avec mes frères ferait aussi bien, voire mieux. Les conditions sont cependant agréables en journée ce qui ne gâche rien. Certes, ça commence à faire un peu long comme absence de chez moi (1,5 mois) mais je m'y suis collé et j'y reste. J'ai apprivoisé cette lenteur... Hier je voyais les premiers cargos polluants, et je me disais que notre transport à la voile est vraiment plus engagé sur le plan écologique. Je vois grâce à l'AIS que leur cargaison est du gaz, du pétrole, des containers...etc. Moi j'ai du poivre en sacs recyclables et je navigue à la voile sans une goutte de produits pétroliers (ou presque). Alors je suis lent ? Oui ça c'est juste. Mais comment faisaient-ils autrefois ? Les cathédrales à voiles des siècles passés n'avançaient pas plus vite. Les clients attendaient. Et voilà ! Serions-nous prêts à nous passer des marchandises transportées par ces tas de ferrailles polluants ? C'est LA question... J'ai été frappé par 3 nouvelles provenant du milieu de la course au large : L'Océan Race réunit 5 participants. Pourquoi si peu ? Parce que les budgets dépassent la raison. Un bateau, c'est 7 millions d'euros pièce. Juste le bateau. Et ça casse des foils, ça coupe la tête des cétacés... etc. Clarisse Crémer a été remerciée par son sponsor Banque Populaire parce qu'elle a eu un enfant. Et Stan Thuret qui annonce qu'il arrête la course au large pour raisons écologiques. Pourtant, je crois à des courses qui pourraient avoir plus de sens qu'une compétition de moyens. Une course au large ou côtière chargée de thématiques sociétales fortes, avec des bateaux recyclés (inutilisables autrement). On pourrait inventer : Le compte de carburant serait fait à la fin de l'étape et déclencherait des pénalités si utilisé... Le chargement de fret en volume ou en poids donnerait des points La charge humanitaire donnerait des points L'empreinte carbone des équipes serait élaborée par un cabinet spécialisé avant le départ. Son respect ou non respect apporterait ou enlèverait des points... Ça changerait un peu l'ambiance non ? Il faut rêver dans la vie, on doit pouvoir créer un truc génial à partir de là ! Tous à vos rêves ! Je vous embrasse, Jean-Guillem 3635N 0759W cap 75 Vit 4,3nds
Mardi 21 février 2023
Madère - Toulon
Depuis 2 jours, il n'y a presque plus de manœuvres. Le vent s'est stabilisé autour du nord comme prévu, il est faible comme prévu aussi. C'est rare d'en avoir aussi peu pendant aussi longtemps dans cette région. La mer est calme avec quelques rides... un peu plus quand même ! Le ciel est plutôt clair l'après-midi mais chargé le matin et pas de pluie. La carte postale est belle, à ceci près que ça n'avance pas vite. Ah ce midi, je pensais que ça rentrait sérieusement avec 15 à 17nds de vent permettant de dépasser les 6nds de vitesse, mais non... 2 heures après ça retombait entre 10 et 12 nds et une vitesse proche des 4nds. Alors vous me direz c'est tranquille ? Alors je vous dirais oui. Je suis peinard. Je profite pour rêver d'un monde meilleur, où le transport à la voile serait à nouveau la norme par exemple. Et quand je pense à ça en m'approchant du détroit de Gibraltar, c'est la grosse déception. Le transport maritime fumant, puant et polluant est encore bien là. J'étais bien moi sans les cargos. Ils deviennent nombreux et les croisements se compliquent. Quand on sait que le tonnage du transport maritime mondial a retrouvé son niveau d'avant covid, je n'ai plus qu'à reprendre le cours de mes rêves. Bon et j'arrive quand à Toulon ? J'en sais rien à ce stade. Ça a l'air assez facile le début de la Méditerranée mais autour des Baléares, ça pourrait se compliquer avec un vent fort du nord. Ça a le temps de varier mais je garde un œil la dessus pour éventuellement me réfugier et laisser passer le coup de vent. C'est loin et dans une semaine donc pas d'inquiétude. Ah j'ai eu de la visite hier soir d'amis Toulonnais. C'était pendant l'apéro, Charles Berling et Bérangère sont venus me raconter une histoire. J'étais pas prévenus et je n'étais pas bien habillé. Mais ils s'en foutent. Ils s'installent comme chez eux... Ils m'ont raconté l'histoire de Léon Blum en podcast (une vie héroïque). C'était passionnant et sympa d'avoir des voix familières à bord. Encore 2 jours environ et Gibraltar sera passé. Ce sera déjà une bonne chose de faite. "Si j'ai un visage en colère, le cerveau interprète ce visage comme étant en colère et active donc les mécanismes de colère", a déclaré Mme Castellanos. De la même manière, "lorsque le corps a une posture triste, le cerveau commence à activer les mécanismes neuronaux de la tristesse". Notre posture et notre visage envoient des signaux importants à notre cerveau, et c'est à ces informations que notre cerveau réagit, explique la neuroscientifique espagnole Nazareth Castellanos, chercheure au Nirakara-Lab, une chaire extraordinaire de l'université Complutense de Madrid. À méditer... Je vous embrasse, Jean-Guillem 3504N 1031W cap 76 vitesse 4,6nds
Dimanche 19 février 2023
Madère - Toulon
Hello tous, Ceux qui suivent ma trajectoire se demandent peut-être pourquoi le bateau tourne sans arrêt ! Le vent messieurs dames ! Le vent est contraire et pour aller où je vais on dit que je tire un bord vers le nord puis vers l'est et ainsi de suite. Le vent varie souvent et les artistes (champions) déclenchent le virement de bord au bon moment pour bénéficier de la variation. Ainsi, vous pouvez, sur ma trace, aisément constater que je n'en suis pas un... On dit aussi tricoter à l'endroit où à l'envers. Bon moi... c'est variable on va dire... On dit aussi 2 fois la distance et 3 fois le temps pour accomplir le voyage grâce à la rallonge. Ça m'arrange pas, mais je suis bien obligé de faire avec ! J'essaye de suivre les variations mais aussi les tendances de renforcement du vent. Le vent se trouvant plutôt au nord, j'ai envie d'aller par là ! Et c'est pas la faute des instruments. Victor a installé la nouvelle girouette électronique au Cap Vert sur 2 petites équerres en bois. Vous savez celles qu'on trouve chez Casto. Toutes simples et pour l'instant très efficaces. C'est pas très académique comme montage mais ça tient et ça fait le job ;-) Sinon tout va bien à bord. Pas de problème technique, les repas sont bons, les réserves abondantes. J'ai aussi quelques petits compléments desserts, chocolats, et petits gâteaux. Je lis, j'écoute un peu de musique et des podcasts. Il fait encore doux en journée alors que l'humidité et la fraîcheur se fait ressentir la nuit. Je ne vois pas d'animaux mais étant le plus souvent abrité à l'intérieur, c'est logique. Bonne semaine à tous, Jean-Gui 3420N 1430W cap 340 vitesse 5nds
Vendredi 17 février 2023
Madère - Toulon
C'est pas aussi simple que ça de quitter Madère. Je me suis préparé depuis la veille avec une météo favorable confirmée ce matin. Le temps presse, il faut y aller, mais il y a une petite angoisse quand même à l'idée de repartir seul. Et puis l'attrait de rester quelques jours ici est bien réel. J'ai rencontré des voyageurs adorables qui m'ont même invité à dîner hier soir. Je serais bien resté ! 14h, je quitte le quai grâce au concours de mes voisins car le vent est encore fort et plaque le bateau contre le quai. Grâce à une saute de vent bienvenue, tout se passe en douceur. Et nous y revoilà... La mer est bien creuse ; nous avons une bonne vitesse (8, 9 nœuds) avec ce vent de 27 nœuds environ. Ça fait plaisir de tracer un peu ! Ça cogne sévère déjà dans les vagues. En s'éloignant des côtes, on perd la vue des falaises, le réseau téléphone cesse, je suis seul. Quelques heures plus tard, le vent se calme et la vitesse chute fortement. C'est parti ! Direction Gibraltar et Toulon. Bon courage à tous en ces temps compliqués. Je vous embrasse, Jean Gui 3339N 1612O cap 000 vitesse 5nds
Mardi 14 février 2023
Quinta do Lorde - Madère
J'arrive dans la nuit noire au port de Quinta do Lorde. Il est 2 heures, heure locale, et après un court repérage, il y a beaucoup de places. Mon cousin Jean-Baptiste a fait le nécessaire pour réserver à l'avance. J’amarre sans difficulté grâce au calme plat et peux rapidement aller faire un petit tour à terre pour me remémorer un voyage en bateau effectué il y'a 12 ans en famille. Rien n'a changé. Le matin tôt, le port s'anime et je peux aller faire le ravitaillement en gasoil. Demain la météo est exécrable et je ne pourrai donc pas déplacer le bateau. L'accueil des agents du port est très touchant. Je suis donc seul et ils me donnent un coup de main pour aider à la manœuvre. Je retrouve la même jeune femme qu'il y a 12 ans à l'administration ; aussi souriante et aimable. Oui je me souviens bien maintenant. Les habitants ici sont très très gentils. Je vais boire un café ensuite au bistro et rencontre naturellement un couple en voyage. Et la discussion s'engage, et l'atmosphère de l'escale bat son plein. Ouf ! Ça fait du bien aussi de retrouver le plancher des vaches. Prochain départ… ça dépendra de la météo ! Jean-Gui
Lundi 13 février 2023
Cap Vert – Madère
Les autres jours, je me disais, bon c'est cool, c'est calme, il y a un beau soleil, il fait doux... Ok, le vent n'est pas fort, ça va pas vite mais on peut ouvrir le bateau et faire sécher les trucs humides. Le ciel est parsemé de nuages assez lointains et sans doute assez hauts. L'horizon est clair et marque bien la limite entre ciel et mer. Aujourd'hui, c'est autre chose : il n'y a rien, pas un souffle. Pas une risée, pas un scooter, pas une mobylette...nada ! Le ciel est blanc, la mer aussi, pas d'horizon. Du coton en somme ; voilà, nous avançons dans du coton. La moyenne de vitesse s'en remettra ! On s'en moque. De toute façon, 1 on ramène le bateau en un seul morceau et 2 on ramène la cargaison de poivre, objet de la mission 8, Epicetou ! On est sous la barre des 50 miles restants avant l'escale de Madère. On se retrouve là-bas ? Bon, elle est pas finie la blague... On est pas tout à fait à la moitié ! On a encore le temps de rigoler... Et Lucky Luke sur jolly jumper chantonne : " I'm a poor lonesome cowboy, far away from home ! " Jean-Gui
Dimanche 12 février 2023
Cap Vert – Madère
La journée d'hier a ressemblé à celle de la veille. C'est à dire tranquille très... trop ! Pas assez de vent pour avancer et/ou pour casser quelque chose à réparer pour m'occuper... Alors ce matin dès qu'il y a eu un peu de vent, je me suis précipité pour réparer le feu de poupe que j'ai découvert en panne hier soir au coucher du soleil. J'avais un truc à faire et je ne veux jamais laisser trainer. Je sais que les emmerdes n'aiment qu'une chose, c'est se multiplier ou voler en escadrille, comme disait Chirac. Alors dès qu'une apparait, je lui tords le cou tout de suite. Du coup, il est encore tôt aujourd'hui et par un beau soleil, je n'ai déjà plus rien à faire. Il fait beau. Les habits à manches longues que je mets depuis hier matin, je vais, comme hier, pouvoir les enlever... Plus que 162 milles avant Madère. Les prévisions restent très cools. Je vais prendre tout le temps nécessaire pour arriver avec suffisamment de carburant sans tomber en panne. Ce qui, à ce stade, nécessite de faire de la voile en profitant du calme et des bruits de l'eau sur la coque. C'est cool. J'en profite pour tous vous saluer et vous envoyer mes ondes positives alors que j'ai le privilège d'être en retrait de tout. Je ne suis au courant de rien ou presque et je m'en passe très bien. Je n'ai aucune contrainte sauf celles que j'ai choisies. J'ai l'impression de faire quelque chose d'utile, qui a du sens. Bon dimanche Jean-Gui 3112N 1918O Vit 3nds cap 40
Samedi 11 février 2023
Cap Vert – Madère
C'est sûr que pour moi, le manque de vent ne me met pas en colère comme ça pourrait, comme ça a pu... Lorsque j'ai décidé de le ramener, j'ai passé une sorte de contrat avec le bateau. Je l'aime ce bateau et j'ai le privilège d'avoir vécu plein de choses dessus. Il m'a beaucoup donné même si ça n'a pas été toujours facile. Alors, tel qu'il est, je le trouve très diminué et il doit être accompagné vers son nid, sa base pour être soigné et qu'il retrouve ses moyens à son rythme, ... surtout à son rythme. Un peu comme une personne avec handicap ou malade. On ne peut pas lui demander n'importe quoi. Ce bateau pourrait avoir honte de donner que ce qu'il a en ce moment alors qu'il a l'air plutôt fier d'habitude. L'air de celui qui sait, qui a de l'expérience. 5 tours du monde et des dizaines de transats à son actif, excusez du peu ! En réfléchissant, je trouve même qu'il a toujours le temps lui, alors que moi pas forcément, comme les autres skippers qui ont eu la chance de venir user leur ciré à son bord... Alors ce bateau dans ces conditions où il donne infiniment peu comparé à ce dont il est capable, comment pourrais-je lui en vouloir ? Alors pour cette fois, et peut-être pour d'autres, parce qu'il a été maltraité et qu'il a subit ce que peu subissent, je lui dois de le raccompagner quoiqu'il m'en coûte et respectueusement en plus, avec délicatesse. Après ce qu'il m'a donné, je lui renvoie l'ascenseur et ça finira bien. Jean-Gui
Mercredi 8 février 2023
Cap Vert – Madère
La nuit dernière a commencé avec une accalmie et des passages orageux... Ça veut dire le vent qui tourne, un peu de pluie et quelques bruits sourds et éclairs lointains. Et puis les nuages défilent, laissent revenir la lumière de la lune et c'est reparti pour une heure, un peu plus, un peu moins... Le même scénario qui dure jusqu'à la mi journée. Là, on repart vers le nord pour tenter de garder le vent de NE encore assez puissant pour déplacer le bateau handicapé et son chargement... Ça va pas vite, de moins en moins vite, à mesure que la brise faibli. La bonne nouvelle, c'est que la mer se calme un peu plus aussi et ça ne mouille plus sur le pont. L'après-midi est tranquille, paisible, reposant. Nouveau tour du bateau, la cargaison n'a rien, seul un sac contenant les sacs de poivre a cassé sa fixation. Comme quoi, ça valse pas mal dans le quartier... Pas grave, il y a des pièces de rechange. Les prévisions donnent plutôt des conditions légères. Pas idéales pour faire de la vitesse.. Au point où on en est, on va établir un chrono de référence : Retour vers la France au départ du Cap Vert en imoca transporteur d’épices. Record à battre ! Vous dites combien disons jusqu'à Madère ? Pour commencer ? Jean-Gui
Mardi 7 février 2023
Cap Vert - Madère
Bonne journée ce mardi à bord de Terre Exotique. Les problèmes techniques sont résolus. Seule l'hydro va avoir droit à une visite technique car les billes d'un chariot se sont fait la malle. Ces chariots permettent de monter et descendre l'hydro dans l'eau depuis le cockpit, donc sans se mettre en danger. Et l'hydro sert à faire de l’électricité... J'ai des billes à revendre à bord mais je crains que le problème soit une usure excessive du rail sur lequel il circule. Ça risque de devoir attendre l'arrivée et le chantier qui va suivre... Du coup, on recharge les batteries à l'ancienne... 1 heure de moteur le matin et 1 heure le soir. Les panneaux solaires sont installés et sont très efficaces avec ce beau soleil. Les prévisions donnent des vents faiblards et une remontée encore plus lente. J'envisage donc une petite escale à Madère dans quelques jours pour ravitailler. On verra bien. Bonsoir tout le monde. Je vous embrasse, Jean-Gui 2600 N 2251 O cap 94 vitesse 5,8nds
Lundi 6 février 2023
Cap Vert – Madère
Bon, je ne parlerai pas de la nuit dernière car à part le ciel clair et la lune forte, elle a été compliquée. Du vent, du bruit, des sauts de vagues, des sauts au-dessus de la couchette et… pas bien dormi du tout. Ce matin, c’était atelier courroies de la pompe ballasts et alternateurs (cela prend 2 heures au port environ). Frédéric avait fait une protection efficace de tous ces appareils avec des panneaux de polystyrène et du scotch. Il faut enlever ça déjà pour atteindre le poste de travail. Coup de chance, les courroies se tiennent encore bien. On ferme alors. C'est ça de moins au programme. Ouf ! Je l’ai toujours dit à qui voulait l’entendre et je me suis fait avoir. On fait comme on a dit : on vérifie les niveaux avant d’appareiller. C’est pas compliqué ! Vous faites toujours ça non ? Eh bien moi, je ne l’ai pas fait. Alors au trot ! Eh bien, j’aurais dû ! Il était temps. Évidemment j’en mets trop, il faut en enlever, s’en mettre partout… je passe les détails. Ça prend du temps... et surtout ça m’apprendra. C’est pas tout ça mais, depuis le départ, j’enregistre des coupures inquiétantes du GPS. Et si pas de GPS, pas de pilote et pas de chocolat, pas de dodo…voilà ! J’alerte « toute » l’équipe technique à terre et j’ai des retours intéressants. J’y passe toute la soirée d’hier, notamment pour télécharger la notice. La nuit passe et je n’y reviens donc pas. Mais je me rappelle que la lumière intérieure a fait quelques signaux bizarres. Comme une tentative de coupure. Et en y réfléchissant, je me dis qu'avant de tout démonter, recâbler un peu au hasard (je ne suis pas électronicien moi)... Peut-être puis-je faire un test ? Le test des cosses des batteries. Sont-elles bien serrées ? J’y plonge et je trouve 2 cosses suspectes. Je leur mets la pression et elles ne bougent plus. Ça fait 2 heures que ça dure et je n’ai plus de coupure. Ça sent bon ça, non ?! Et puis cet après-midi, j’ai enfin viré de bord. C’est loin d’être terminé mais au moins on fait de l’est. On refera du nord un peu plus tard. Bonne soirée et bonne semaine, Jean-Gui
Dimanche 5 février 2023
Cap Vert – Madère
Bizarre, cette nuit le vent a faibli, tourné un peu à l'est et d’un coup la pluie est devenue assez dense. Les prévisions de vent de nord-est ne collent pas avec la réalité mais pour l'instant tant mieux. Ça nous place sur la route directe. Le vent continue d'insister vers l'est et même vers le sud-est dans la matinée.. Incroyable ! Depuis plusieurs semaines, je regarde les conditions dans le secteur et je n'ai jamais vu ce vent-là. Du coup, je me permets d'ouvrir un peu les voiles afin d'être plus à l'aise. Je dis, « je me permets » afin de ne pas froisser Eole. Je le remercie de m'accorder ce cadeau et m'efforce à chaque fois de lui être reconnaissant. On ne sait jamais ce qui peut arriver, la preuve ! Le vent est plus faible, la mer plus calme et c'est assez cool. On ne va pas vite (4 à 5 nœuds) et c'est le bémol de la situation. Il y a beaucoup de bateaux qui seraient contents d'aller à ces vitesses dans ces conditions. Beau soleil ce matin, et petit tour du propriétaire pour ramasser les poissons volants qui ont malheureusement manqué leur vol. Tout va bien à bord. Bonne journée, Jean-Gui
Samedi 4 février 2023
Cap Vert – Madère
A bord de Terre Exotique blessé mais encore vaillant. Nous avançons tranquillement vers le nord. Les conditions sont inchangées depuis Mindelo. Le vent force un peu et varie légèrement en direction de temps en temps mais globalement c'est « kif kif ». La vitesse varie entre 5,5 et 7,5 nœuds, rarement plus. La mer proposée n'est pas très agréable avec une houle longue et des vagues courtes qui font taper durement le bateau. Ceux qui connaissent savent ce que c'est. Tout sauf confortable. Le cap, c'est à dire notre capacité à serrer le vent, n'est pas merveilleux. Nous avons trop d'ouest dans notre nord. Je n'y peux rien. On fait avec ce qu'on a. Alors, à bord, le rythme exténuant a été pris sans coup férir. Petit déjeuner vers 8h, déjeuner vers midi, dîner vers 18h30. Couché vers 20h, levé vers 7h avec des petites inspections de temps en temps ou des vagues qui me retournent comme une crêpe dans la bannette. Le reste du temps est consacré à la toilette, le ménage, la lecture et les mails. Ah oui, aujourd'hui j'ai fait quelques manilles textiles, histoire de remplacer certaines très usées. Tout ça entrecoupé de contrôles du chargement, si quelqu’un était venu nous en piquer dans la nuit… La route est longue, longue, longue. Bon weekend à tous, Jean-Gui
Vendredi 3 février 2023
Cap Vert – Madère
Je crois que j'y suis. Ça a été prenant voire énervant et en fait, j'ai appris des choses. Le départ a été un peu émouvant après 2,5 semaines à Mindelo. On se fait des copains, on refait le monde et on retrouve l'ambiance du voyage. Alors au revoir les copains, au revoir Mindelo, à tous ces gens charmants et souriants. Place au convoyage retour. Le pilote ne se met pas tout de suite en marche, sans doute pris par le rythme cap verdien....No stress ! La GV est rapidement établie avec le J3 ; en route par le passage nord-est pour se mettre tout de suite dans les conditions les plus rudes et mettre à l'épreuve les réparations. Tout va bien et après deux virements de bord direction plein nord, c'est parti ! Je n'ai pas retrouvé les automatismes mais ça va revenir vite. Un petit tour dans la soute avant et arrière pour checker le chargement, tout va bien. Ce matin il y a de l'eau à l'arrière, c'est le tuyau qui est parti. Du coup, je déplace le sac coupable complètement à l'extrémité tribord et pour la peine, lui rajoute 40 kg de poivre. Il ne fera plus le malin celui-là... Et je passe 4 heures à régler l'envoi des mails. En fait, il y avait un embouteillage de gros mails et le chargement via satellite semblait bloqué. Ah non, c'est juste qu'il fallait 4 heures de téléchargement pour laisser la place aux nouveaux. A suivre à l'écran car il faut relancer en permanence... Ouf, c'est chose faite. Je vais pouvoir à nouveau charger les fichiers météo qui passent par le même canal. On est au près tribord amure avec 15 à 23 nœuds de vent et on essaie de faire du plein nord, sans succès. Le bateau avance plutôt bien mais est loin des vitesses standards... Je savais que ça serait long. Nous y voilà ! Des bises vers vous, Jean-Gui
Jeudi 2 février 2023
Cap Vert - Madère
Dimanche 25 décembre 2022
Recife - Cap Vert en images :